Shanmu, petite Indienne exploitée devenue responsable d'un orphelinat
Shanmu, petite Indienne forcée de travailler en tant que domestique
"À peine âgée de 10 ans, j’étais devenue sa domestique, chargée de laver sa vaisselle, ses vêtements, faire son ménage et son jardinage."
Lorsqu’elle était une petite fille, Shanmu vivait avec ses deux sœurs et ses parents dans un village du district de Sivagangai, dans le sud de l’Inde. Son père était à l’époque manutentionnaire dans un marché et gagnait environ 150 roupies (monnaie indienne) par jour. Cependant son travail n’étant pas régulier, il se retrouvait certains jours sans activités. Shanmu nous explique tout d’abord l’évènement qui marquera son enfance à jamais : « Nous vivions tous ensemble dans une petite maison au toit de chaume grâce au maigre revenu gagné par mon père. Ce dernier n’autorisait pas ma mère à chercher un travail. Alors que j’étudiais en classe de 5e standard (équivalent de la maternelle), mon père succomba d’une longue maladie. Après sa mort, la pauvreté toucha notre famille de plein fouet. Beaucoup d’amis et de proches vivaient à proximité de chez nous, mais aucun ne vint nous soutenir dans cette dure épreuve. Ma mère décida donc de trouver un travail pour gérer les dépenses de la famille. Celle-ci devint femme de ménage et gagnait 100 roupies par jour. Mais son revenu n’était pas suffisant pour couvrir le financement de l’éducation de mes sœurs et moi-même. C’est à ce moment là que ma mère me retira de l’école. Etant la plus âgée de la fratrie, je dus porter toutes les responsabilités et le poids que cela incombe sur mes frêles épaules. Près de six mois après la mort de mon père, je fus envoyée au sein de la maison d’un médecin afin de l’aider dans ses tâches ménagères. À peine âgée de 10 ans, j’étais devenue sa domestique, chargée de laver sa vaisselle, ses vêtements, faire son ménage et son jardinage. Durant environ deux mois, ce fut mon quotidien. »
Le parrainage international : une aide essentielle pour scolariser les enfants exploités
Devenue domestique à l’âge de 10 ans, Shanmu n’avait plus vraiment d’espoir d’une vie meilleure, jusqu’à une rencontre qui changera ses perspectives d’avenir : « Alors que je travaillais comme domestique, les équipes de l’association s’intéressèrent à moi et à la situation de notre famille. Ils mirent alors tout en œuvre pour que mes deux sœurs et moi puissions être accueillies au sein de l’orphelinat de Pudhu Vasantham à Murugathooranpatti. »
Sauvée du monde du travail par le parrainage international, la petite Shanmu se concentra sur ses études, sachant que c’était le meilleur moyen de se construire un avenir : « Au sein de l’orphelinat, mes sœurs et moi pûmes recevoir de l’aide et des soins. Je fus ensuite admise au collège, où j’eu la possibilité d’étudier en 7e et en 8e standard (équivalent de l’enseignement primaire). J’intégrai par la suite le lycée, de la 9e à la 12e standard (équivalent de l’enseignement secondaire). Les activités menées par l’orphelinat et notamment les cours du soir me permirent alors de développer mes capacités d’apprentissage. Depuis ma plus tendre enfance, j’aspirais à devenir une travailleuse sociale ou une enseignante afin de jouer un rôle auprès des enfants abandonnés. Années après années, je continuai mes études et suivit une formation à l‘université pour devenir enseignante. »
D'enfant exploité à responsable d'un orphelinat : le parcours sans faute de Shanmu
Alors qu’elle touchait du doigt son rêve de devenir enseignante, les envies de Shanmu grandirent avec elle, la menant à de hautes responsabilités : « Devenue institutrice au sein d’un centre éducatif soutenu par France Parrainages, je fus ensuite nommée responsable d’un autre centre situé dans les villages impactés par un tsunami. Parallèlement à mon travail, je réussis à obtenir un baccalauréat en psychologie grâce à des cours par correspondance. Durant la même période, l’association construisit un nouvel orphelinat près de Tanqubar. Le directeur de l’établissement me demanda alors de rejoindre son équipe en m’offrant par la même occasion la possibilité de débuter des études de commerce en temps partiel, durant deux ans. Après avoir achevé mes études, je fus alors promue Responsable de l’orphelinat.»